All that is gold does not glitter
Not all those who wander are lost;
The old that is strong does not wither,
Deep roots are not reached by the frost.
From the ashes, a fire shall be woken,
A light from the shadows shall spring;
Renewed shall be blade that was broken,
The crownless again shall be king.
Les doigts de Salem écrivent des mots, des phrases, des paragraphes, toute une histoire sur son ordinateur. Ce n’est pas ce qu’il devait faire à la base, ce n’est jamais ce qu’il doit faire à la base, mais faire du rôle play sur forum lui vide l’esprit. Il oublie un peu tout et s’invente mille et une vies. Il ne ment pas sur qui il est, mais vie ses personnages.
C’est toujours plus simple de s’exprimer à travers eux, de laisser les émotions sortir. Savoir qu’on peux faire souffrir un perso par pure frustration de soi-même ne pas réussir la situation qu’il vit. Inventer des solutions à tout ses problèmes et le lié avec des gens improbables sur parfois un malentendu.
Au tout début c’est ses lectures régulières qui lui ont donné envie de créer ses propres personnages. Il a eu un jour l’espoir de faire un univers aussi riche que Tolkien dont il est littéralement amoureux de son écriture. L’espoir c’est envoler, mais créer des personnage et histoire est rester.
– Tu ne devrais pas écrire ton annonce plutôt ?La voix de la raison. Il pousse un soupir et enregistre son texte avant de basculer sur une nouvelle page vide de son traitement de texte. Pour ne pas repartir sur autre chose cette fois il retire ses écouteurs, sans le son des violons, piano et autre instrument l’inspiration n’est plus forcément là. Il écoute de tout, même s’il a une préférence pour les bandes-son uniquement composer d’instrumental, aucune voix pour faire sortir du rêve.
Du coup ses doigts ne font que faire des clapotis sur les touches, jamais assez pour permettre de faire apparaître la lettre, mais assez pour lui avoir presque l’impression d’écrire. Presque, parce que c’est clairement une page vide face à lui. En même temps écrire cette annonce c’est aussi mettre un dernier coup dans sa blessure encore fraîche.
– Si jamais il te faut du temps, on peut s’arranger pour que tu reviennes à la maison, que tu vendes l’appartement et…– Maman… Il y a Reuel avec moi et puis je l’aime cet appartement. C’est moi qui avais eu le coup de cœur et même si… enfin… Bref, je vais juste le faire.Sa mère hoche la tête et continue de bercer son petit fils contre elle sans rien ajouter. Salem doit tourner la page rapidement, il est père, il est un adulte responsable, il n’a pas le droit de flancher et il y a ce pincement au cœur sur tout ce qui arrive dans sa vie. Une lassitude le prend, il penche simplement la tête en arrière pour ne plus voir la page blanche.
Quelque part il ne comprend pas, il fait de son mieux. Il a l’impression en tout cas de le faire. Il n’est pas parfait, loin de là, il a des défauts comme tout le monde, mais il n’est pas pire qu’un autre. C’est peut-être parce qu’il n’est pas mieux que ça ne va pas. Il déteste ses moments ou il n’arrive pas à voir le positif autour de lui, c’est de plus en plus fréquent et souvent cela apporte des répliques assez ironiques aux lèvres. Il ne se prive plus pour les dires.
Avant il avait plus de retenue. Plus de sourire forcé, maintenant il a décidé de dire adieu aux cases et à la surcouche d’hypocrisie. Les filtres sont parfois là tout de même, mais assez peu présents. Juste assez pour ne pas blesser, mais suffisamment pour laissez-passer le font de sa pensée salée.
– Il n’y a pas besoin de faire compliqué.– Je sais bien.Bien sûr qu’il le sait. Il est assez social pour savoir qu’aller vers les autres ou poster une annone ne demande pas forcément des efforts importants. Pour lui en tout cas. C’est un grand plaisir de discuter et de connaître de nouvelle personne. Même si du coup ça provoque aussi le problème actuel.
Il est devenu incapable de vraiment vivre tout seul, il lui faut une certaine dose de contact social quotient pour être bien. Il lui faut aussi les contacts physiques, mais pour ça il a son fils pour ne pas avoir à demander aux premières inconnues qui passe.
– Peut-être que tu trouveras l’amour avec l’un des colocataires que tu auras.– Maman…– J’ai compris, je te laisse tranquille !Il ne cherche pas l’amour. Pas pour le moment, surtout pas après sa rupture aussi ressente et son fils sur les bras. Vivre avec sa mère ne sera absolument pas bon pour ses nerfs et faire de nouvelle rencontre lui fera du bien. Il sent son familier remonter le long de son bras et ça lui fait toujours du bien de le sentir si proche de lui. Il a surtout besoin d’entamer un nouveau chapitre de sa vie.
Tout ira bien et il vient de trouver l’inspiration pour son annonce.
We meet no ordinary people in our lives.
Le stylo frappe la tablette en boucle, actionnant le bouton d’ouverture et fermeture à chaque choc. Le sourire de l’infirmière est plus que crispé. Face à elle sa patiente ne semble pas plus perturber que cela. C’est même des plus calmant d’avoir ce bruit de fond en plus de tout le reste. Il manque cruellement d’une pendule dans la pièce pour arriver à capter son attention et avoir une ancre solide.
– Vous avez dit quel nom ?L’infirmière insiste encore. C’est la troisième fois qu’elle lui fait le coup. Oui, Cassandra sait parfaitement que l’autre femme est sorcière aussi, elle sait ce que représente ce nom, même les simples humains le savent, mais ça reste son bébé. Son choix. Son acte de rébellion le plus fort. Son amertume.
– Salem. Je vous l’ai déjà dit. Salem Ethan Lotier.– Vous ne préfériez pas mettre Ethan en premier nom ?– Non.La réponse est directe. Il est important que ça soit ainsi que tout le monde le nomme. C’est important pour elle. Il n’y a aucune rancune envers le petit être. Elle sait que ça ne sera pas évident à porter tous les jours, mais elle doit le faire.
– Mademoiselle, je sais que c’est indiscret, mais pourquoi choisir ça ?– Mes parents détesteront.Il y a un moment de flottement avec sa réponse. Bien entendu que ses parents détesteront, comme ils ont détesté qu’elle active sa magie seulement vers ses seize ans, le fait que son familier soit un minuscule pigeon, que jamais son talent ne se soit déclenché en soixante ans de vie ou qu’elle n’est pas finie avec un sorcier comme ils l’auraient voulu.
– C’est un peu léger tout de même et…– Paix. À la toute basse, c’est le premier nom de la ville de Jérusalem. En Arabe et Hébreux, ça la signification de paix. Est-ce que c’est si dur que ça de vouloir ça à son enfant ?L’infirmière stoppe le mouvement de son stylo et se mord la lèvre inférieure, visiblement embarrassée par cette réponse. Elle y a longuement réfléchi au nom de cet enfant, très longuement, lui laissant même un second prénom assez commun en second pour si une fois adulte il ne voulait vraiment pas porter le premier que le second soit là.
– Et le père en pense quoi ?Un rire jaune sort de la bouche de la jeune mère. Est-ce que cette femme est aveugle ou bien elle ne voit pas que la nouvelle maman est horriblement seule dans cette pièce ? Que personne n’a été là pour l’accouchement, pour le réveil, pour tout en fait. Cassandra aurait pu appeler sa meilleure amie, elle serait venue, elle aurait été là d’un bout à l’autre, elle aurait raté son entretien d’embauche pour être là. Seulement son avenir est important et ce n’est qu’un accouchement.
– Je suppose qu’il s’en fiche, il est reparti, libre comme l’air.Un silence se fait entre les deux. Un nom est gratté sur une feuille et la mère a eu sa micro victoire. La première depuis un moment.
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—Ethan! Reviens ici !L’enfant cours à toute vitesse à l’autre bout de la cuisine, son précieux cookie voler entre les mains, sa grand-mère sur ses talons qui grogne une nouvelle fois sur l’éducation beaucoup trop libre que donne la mère du dit enfant. De toute façon il n’écoute jamais quand elle l’appelle par son second prénom, jamais. Il ne comprend pas du haut de ses cinq ans de pourquoi elle fait ça. Ce n’est pas ainsi qu’il se nomme.
C’est le bruit de l’ouverture de la porte d’entrée qui fait complètement changer la direction de la course du plus petit. Sa mère est de retour et il préfère amplement ses bras au grognement de sa grand-mère. Pourtant en la voyant il se stop avant de lui sauter dessus comme il le voulait. Visiblement elle sort d’une énième dispute avec son grand-père.
Salem ne comprend pas les adultes et toute leur histoire. Il ne comprend pas ses grands-parents qui semblent si gentils avec lui cris sur sa maman. Pourquoi le fait d’avoir plein d’amoureux dérange ? Pourquoi le fait qu’il ne soit pas forcément sorcier pose un souci ? Pourquoi il semble lui rappeler encore et toujours qu’il existe alors qu’elle sait ?
Bien sûr que sa maman sait que Salem est là. Elle fait de son mieux avec lui, parfois c’est dur, mais elle est la meilleure, c’est une héroïne qui lui raconte les plus belles histoires du monde et des ombres chinoises du tonnerre. Alors pourquoi il la fait avoir l’air énervé et triste si régulièrement ?
– Maman… Tu veux mon cookie pour avoir le sourire ?– OH ! Salem !Cassandra le prend dans ses bras avec la force que seule une maman sait avoir. Celles qui font que ses câlins sont les meilleurs du monde pour toujours. Pour lui ça veut dire que tout va mieux, c’est toujours ce qu’elle fait pour dire que tout va aller mieux. Il cale sa tête dans son cou en respirant à fond l’odeur de jasmin qui l’apaise tellement, oubliant le monde qui n’est pas sa maman.
– Et moi mon grand ? On ne me dit pas bonjour ?– Bonjour papy.C’est plus une obligation qu’autre chose. Salem aime sa famille, vraiment, mais si son grand-père a été méchant avec sa maman il ne fera aucun effort pour lui. Au vu du regard que l’homme lui fait, clairement il a compris et ne tentera pas à avoir mieux. Il y a des non-dits dans cette famille que tout le comprenne, que ça soit un enfant de cinq ans ou un adulte de cent quinze ans. Le plus vieux ébouriffe les cheveux de l’enfant avant de lui tendre un cristal.
– Ethan, prends-le s’il te plaît.L’enfant ne bouge pas et fixe l’objet. Sa main gauche tient toujours son cookie et la droite le haut de sa mère. Personne ne bouge pendant au moins trois bonnes minutes. C’est le rire étouffé de Cassandra qui fait revenir l’attention de l’enfant sur elle. Un soupir se fait de la part du grand-père et la parole est reprise.
– Salem, tu veux bien le prendre ?Immédiatement le petit s’exécute, laissant le cookie à sa mère et prend l’objet demander. À cinq ans il a déjà son petit caractère et qu’importe ce que font ses grands-parents il n’aime pas le prénom Ethan. Le cristal s’illumine et une exclamation joyeuse sort de la bouche des plus vieux alors qu’un soupire sort de la bouche de sa mère.
– C’est bon ? Rassuré sur ses origines sorcières ?La voix est remplie d’ironie.
– Ne le prends pas sur ce ton Cassandra ! Il y avait seulement une chance sur trois que ça arrive avec tes bêtises. Tu ne peux pas nous en vouloir d’être heureux.La voix criarde de sa grand-mère agresser les oreilles de Salem qui ne comprend pas tout à ce qui arrive autour de lui. Il sait juste qu’encore une fois sa mère veut hurler, mais qu’elle ne le fera pas. Parce qu’il a pleuré très fort une fois et que depuis elle fait tout son possible pour ne pas le faire face à lui.
Sa mère est vraiment la meilleure des mamans.
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Dans quelques heures le pacte aura lieu. Dans quelques heures il va signer avec Lucifer en personne. Il y a une certaine pression sur ses épaules, une envie de ne pas décevoir. Salem le sait, sa mère lui laisse entièrement le choix, il l’aura toujours, mais il y a le reste du monde. Tout le monde n’est pas sa mère et même elle a ses jugements qui piquent le cœur.
– Si ça te tracasse autant reste un sorcier naturaliste.– Ce n’est pas le pacte qui me fait peur Sugar. Tu le sais. C’est une tradition familiale en plus.– Et alors ?C’est vrai. Et alors ? Alors, rien. Pourtant ça picote ses doigts de rencontrer le diable en personne et de se lier à lui. Il y a toute l’excitation de faire se marché si important. Avoir l’impression de devenir adulte et vraiment un sorcier grâce à cela. Parce que même si Cassandra veille au grain, il y a eu des paroles dit par d’autres qui ont su faire leur chemin dans ton esprit. Il en faut pour un jeune esprit pour aller à droite ou à gauche.
– Je n’ai pas envie de te perdre.Il y a un silence et son familier, une couleuvre mâle, vient s’enrouler autour de son cou. C’est sa manière à lui de le soutenir. De lui dire qu’il comprend sans mots. Que quoiqu’il arrive il sera là. Dire qu’à la base il y avait eu la frustration d’avoir attendu ce familier pendant une bonne semaine avant de l’avoir qui réponds à son appel, puis l’agacement de ne pas choisir son nom, Yeraz était un nom qu’il avait choisi avec beaucoup de soin. À la base, il y avait tout ça et maintenant il y a le lien qui va au-delà de ce qu’il comprend vraiment.
C’est dans ces moments-là qu’il comprend mieux les moments qui semblent hors du temps entre sa mère et Eos son familier, un pigeon. Il était certain que s’il avait vécu en pleine campagne elle aurait eu une poule à la place. C’est dans ses moments là qu’il plaignait vraiment Laura, son amie avait fini mordue par un loup-garou suite à une chasse avec sa famille, elle était devenue louve. Étant non pactisé son familier avait décidé de prendre la poudre d’escampette rapidement après. Leur lien était tout neuf et rien ne le retenait et ça avait brisé le cœur de la nouvelle louve.
– Tu ne veux pas finir chasseur.– Certes, mais un accident est si vite arrivé.Sur ses mots il se secoua un peu les puces avant de finir de préparer sa tenue de manière impeccable. L’autre détail, si on pouvait dire ça, qui le dérangeait surtout dans le pacte était le moment du sacrifice. Tuer une version mortelle de Sugar lui remontait dans le ventre. Est-ce qu’on avait le droit d’enchaîner une autre créature à soi en tuant un être vivant comme ça ?
– Tu réfléchis trop. Écoute ton instinct de temps en temps. Pense aux conséquences qu’une fois qu’il est trop tard.La remarque le fait rire. Un rire franc qui semble effacer tous ses doutes. Ça les efface tous. Il n’a aucune idée de comment chacun vit son lien avec son familier, mais il souhaite que ça soit aussi fort que ce qu’il a. Avant Sugar, il n’appréciait pas les serpents, depuis il ne peut pas se sentir vraiment à l’aise sans la sensation de sa peau contre sa peau.
– Tu es le meilleur.– Évidemment.Un nouveau rire et plus rien ne semble être triste dans l’air. Plus de traca, plus de moment pas top, juste une joie de faire un pacte pour garder Sugar à ses côtés quoiqu’il arrive. Certes, le pacte implique beaucoup plus que ça, un don d’âme, une vie plus longue et Lucifer en personne face à soi, mais est-ce vraiment important ?
Plus actuellement en tout cas.
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Les pages se tournent, de temps en temps un post-it est mis sur l’une des pages avec un nom ou plusieurs inscrits dessus. Le rouquin qui prend les notes a encore une bonne heure avant son prochain rendez-vous dans son bureau pour continuer à faire ses recherches. Peut-être qu’aujourd’hui il n’aurait pas le droit à ses grands-parents qui lui demande de trouver un vrai travail de sorcier vu.
Ils ne comprennent pas que le truc de Salem c’est d’aider les gens à trouver leur voix à eux. De se dépasser pour réaliser leur rêve. De les aider à rebondir si la vie change leur avenir. D’avoir un impact dans la façon dont ils s’élèveront plus haut. Même après trente ans de vie ils continuent à vouloir s’occuper de la vie de leur petit fils ou de leur fille. Qu’ils s’occupent d’eux et de leur couple qui semble s’empoisonner continuellement sans qu’aucun des deux ne souhaite enfin l’achever.
La porte de son bureau s’ouvre sans que personne n’ait frappé au préalable. Sa mère devrait vraiment apprendre la discrétion ou simplement à ne pas venir comme une furie pendant ses heures de boulot. Vus la tête que Cassandra fait elle a du apprendre pour Apple, mais peut-être pas et elle viens parce qu’il a oublié il ne sait quel rendez-vous avec elle pour faire il ne savait quoi.
– Tu veux que je la maudisse cette conne ?Visiblement c’est pour Apple qu’elle est vraiment là. Il pousse un long soupire, se lève de sa chaise et vas fermer la porte derrière sa génitrice. Cela aurait pu attendre ce week-end d’en discuter ou même jamais. Ce n’est qu’une rupture comme une autre, même si ça pique la façon dont elle l’a fait.
– Maman… C’est…– Ne dit pas rien ! Elle t’a trompé puis se fait passer pour une victime ensuite !C’est vrai que c’est ironique que celle qui n’arrêtait pas de lui dire que sa bisexualité la mettait mal à l’aise, qu’elle avait peur tout le temps qu’il ne soit pas fidèle, qu’il veuille la forcé à faire des plans à trois ou il ne savait plus quelles autres conneries qu’elle sortait lors de leurs disputes, que celle-là même soit la personne qui l’ai trompé au final. Mais comme elle lui avait dit quand il l’avait pris la main dans le sac, elle ne le faisait qu’avant qu’il le fasse lui-même.
– Franchement ! Tu es hétéro, tu as une phase mec, mais tu étais avec elle depuis assez longtemps pour qu’elle sache ça t’étais passé !Et la pique fait mal. Parce qu’il reste bisexuel, qu’il soit avec une personne d’un genre ou de l’autre. Il sait que sa mère fait des efforts, qu’elle le soutient quoiqu’il fasse, mais elle garde des préjugés. Elle ne pense pas à mal, comme certain de ses ex qui lui ont sorti des propos biphobe sans même voir que ça en était, voir qui lui disait que c’était des vérités générales. Heureusement quelque part qu’elle ne savait pas que Apple est une personne trans.
– Maman… Pas aujourd’hui, juste pas aujourd’hui.
Elle semble se calmer d’un seul coup face à la voix lasse de son fils. Elle pensera qu’il est juste fatigué de cette rupture. Rien de plus, parce qu’elle ne pense pas à mal. Elle accueillera à bras ouverts la prochaine personne avec qui Salem sera, quelque soit son genre et lui passera l’éponge. Se dira simplement que c’est des choses qui arrive, qu’il y a des mentalités qu’on ne change pas.
Seulement aujourd’hui, il n’a pas la force de lui expliquer encore une fois sa sexualité. Lui demander de ne pas le mettre dans des stupides cases. Lui faire comprendre de juste ne plus sortir ce genre de chose comme si c’était une évidence.
Il l’a pris simplement dans ses bras et lui frotta doucement le dos. Cassandra rendit avec toute la force que peut le faire son corps l’étreinte de son fils. Elle souhaite simplement être là pour lui et il le sait mieux que personne.
– Rentre chez toi, je viendrais manger ce soir et on discutera tranquillement. Elle ne vaut pas la peine d’être maudite et que tu te mettes le Coven à dos.Elle hoche la tête et lui embrasse le front avant de repartir sans un mot de plus. Au final il aurait encore préféré une confrontation avec ses grands-parents que d’avoir ça. Il sent Sugar faire doucement glisser son corps autour de son cou pour le masser. Un soutien silencieux qui lui fait du bien avant qu’il se remette au travail.
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Tout allait merveilleusement bien. Un sourire énorme illumine le visage de Salem rentre chez lui. Les regards en coin de madame Muesli coulent sur lui comme si c’était du vide. Tout allait bien et rien ne pourrait gâcher sa journée. Surtout alors que Penny sortant enfin de la maternité avec leur petit Reuel, futur sorcier comme il n’était pas loup comme sa mère.
Il a pris un paquet de nougat à la pistache et de quoi faire des burgers maison qu’aime tant la jeune femme. Vraiment l’avoir rencontré est vraiment l’une des meilleures choses de sa vie. Huit ans de vie commune, un enfant, une vie tranquille, il y a bien le souci de leur longévité respective, mais il y a encore du temps pour y penser, beaucoup de temps.
Pour le moment il n’y a que la joie de la ravoir dans leur appartement avec leur premier enfant qui compte. Ils ont parlé d’avoir une petite, grande, tribut. L’appartement a été vu dans cette optique. Deux salles de bain, quatre chambres, toilette séparée, un immense salon, une buanderie et une cuisine aménagée. Le rêve de toute une vie pour une famille selon Salem. Une famille comme ce qu’il n’a pas eu.
Il monte deux à deux les escaliers qui le conduisent au troisième étage, l’ascenseur prend toujours trop de temps à son goût. Il y a aussi le risque de tomber sur monsieur Jafaden qui allait une nouvelle fois lui expliquer de comment le mandarinier que ses enfants lui avaient pris était vraiment formidable pour rester vert toute l’année. Un jour, il faudra lui dire que c’est une plante en plastique.
Peut-importe, le plus important est derrière la porte, il tourne les clefs dans la serrure et rentre enfin. La première étape est la cuisine, tout ranger au frais, puis enfin il la cherche pour la prendre dans ses bras. Elle n’est pas bien difficile à trouver, elle se trouve dans le salon, assise sur gros coussin au sol, le regard vide et sa tête en elle-même indique que quelque chose ne va pas.
– Hey, il y a un…– Salem, on doit parler de quelque chose d’important.Il y a définitivement quelque chose qui ne va pas. Elle est loin le sourire éternel de la miss et la joie dans le ventre du sorcier. Il prend place en face d’elle, assis en tailleur au sol et il attend qu’elle lui explique, qu’elle s’exprime. Le dialogue a toujours été leur truc, leur base, c’est pas aujourd’hui que ça va changer.
– Tu te souviens de ce qui est arrivé à la suite de l’accouchement ?– Oui.Comment oublier la découverte de son talent en même temps ? Salem avait littéralement rendu sa propre copine amoureuse d’un infirmier dans la pièce sous le coup de l’émotion de la naissance du petit. Cela avait duré une bonne heure, le temps de reprendre pied, de comprendre, de sentir son pouvoir et annuler ses effets. Ce talent qui avait donné un sourire triste à sa mère, elle qui n’avait toujours pas le sien, alors que son fil découvre la sien à ses cinquante ans. Alors oui, il s’en souvenait plus que bien.
Elle le fixe, semble hésité sur la suite à dire. C’est la première fois qu’elle semble fuir une discussion ou ne pas la vouloir, comme si elle avait une bombe entre les mains. C’est l’état de Penny qui le peine bien plus que le reste.
– Dis clairement ce qui ne va pas. Même si tu as tué quelqu’un je peux l’entendre et tu le sais.Un petit rire sort de la bouche de la jeune femme. Elle sait, il a connu des gens qui ont des choses horribles et il ne juge pas là dessus, alors ce qu’elle dira à côté c’est du pipi de chat. Du pipi de chat en plein dans son gâteau d’anniversaire tout de même. Une forte inspiration est prise et sa bouche s’ouvre enfin pour expliquer ce qui lui mange les entrailles actuellement.
– Quand j’ai été amoureuse de l’infirmier, même si je sais que c’est de la magie, que tu as retiré tout, qu’il ne reste rien de ce que j’ai ressenti pour cet homme, je… Enfin… J’ai pu me rendre compte qu’en fait… C’est compliqué à expliquer… J’y ai beaucoup réfléchi quand j’étais à l’hôpital… J’aurais voulu que ça ne se passe simplement pas et je tiens énormément à toi… Vraiment, je tiens énormément à toi, mais je me suis rendu compte que je n’ai jamais été amoureuse et que je voudrais vivre le fait de l’être…Il y a un silence qui se fait. D’un coup le cousin sur lequel Penny semble des plus inconfortables sous ses fesses vues de comment elle se tortille dessus encore et encore. Ses yeux regardent dans toutes les directions dans la pièce sauf l’emplacement de Salem. Lui la fixe, sans rien dire, l’esprit enregistrant l’information, la traitant.
– Je sais que c’est stupide… Enfin je ne veux pas abandonner Reuel… Je vais rester pour lui et parce que je…– Non.Le simple mot a bloqué tout mouvement de la part de la belle. Cette fois c’est elle qui le fixe. C’est la première fois depuis qu’il est rentré que leurs regards se croisent vraiment. Ils se fixent pendant de longues minutes, sans rien dire. Elle attend ce qu’il a dire maintenant, pendant que lui cherche ses mots.
Rien n’est simple dans cette situation, vraiment rien. Ils ont tous les deux conscience de cela. Seulement ne rien dire les aurait détruits plus tard. Quoique ça lui fasse mal maintenant, ça devait encore plus lui faire mal à elle de se rendre compte de ça maintenant. Le baby blues pourrait être mis sur ce moment-là, mais il sait bien que c’est se remplir d’illusion. Son propre talent le ressent, maintenant qu’il se concentre dessus, qu’il n’y a pas d’amour envers lui. Elle a été honnête, à lui de faire qu’elle soit heureuse.
– Va refaire ta vie. Trouve ce sentiment d’amour et ce qui te rendra heureuse. Je ne te jette pas dehors et tu pourras revenir pour Reuel quand tu le voudras, il restera toujours ton fils, mais ne t’enferme pas. Je t’aime, c’est un fait et ça me fait mal que ça ne soit pas réciproque, mais je te veux heureuse. Juste heureuse. Je vais prendre notre fils avec moi chez ma mère, je mangerais avec elle et tu décideras tranquillement de ce que tu veux faire. Prends le temps qu’il te faut, je serais là pour toi si besoin.–… Je… Tu es quelqu’un de bien Salem.– Toi aussi Penny.Elle a des larmes dans les yeux, lui aussi. C’est un en revoir, ils le savent parfaitement. Le temps qu’il ira chez sa mère, la louve retournera voir sa meute et revivre avec eux. Elle va refaire sa vie, même si elle reviendra, plus tard pour son fils. Mais seulement plus tard, quand elle n’aura plus l’impression d’être une égoïste de vouloir simplement être amoureuse.
Une part de lui voudrait la prendre une dernière fois dans ses bras avant son départ, parce que c’est huit ans de vie commune qu’ils tournent pour l’argument de l’amour. Lui ne veut plus se battre pour tenter de sauver les meubles ou la faire tomber amoureuse. Il y a trop un goût de sel dans la bouche pour le faire. Alors il baisse les bras, se relèvent et prends place son fil dans un couffin. Lui à la chance de dormir paisiblement au milieu de tout ça.
Salem à un sursaut quand il sent la présence de Penny à côté de lui. Tout ce qu’elle vient faire s’est embrassé le front de son bébé. C’est vraiment une bonne personne, vraiment, et c’est ça qui le tue encore plus dans toute cette histoire.
– Tu peux le voir quand tu souhaites ou le prendre.– Je sais. Pour le moment je vais revoir ma meute et voir ensuite.– Bon courage.– Merci, à toi aussi.– Merci.Les voix tremblent et pendant une minute leurs mains gauches se lient, ça sera leur dernière étreinte. Alors qu’il passe la porte avec son fils, il regrette vraiment de tourner la page de leur histoire, seulement il sait que c’est fini. Son talent est si amer à avoir, il aurait peut-être mieux valu ne pas l’avoir.
Pendant qu’il descend d’un rythme des plus lent dans les escaliers il attrape son téléphone portable et compose le seul numéro qu’il connaît parfaitement par cœur, celui qui est bien plus rapide à écrire que le retrouver dans le répertoire bien trop rempli. Sugar tourne autour de son poignet gauche encore et encore. La sonnerie se fait entendre trois fois avant que l’interlocuteur décroche.
– Allo ?– Maman, je crois qu’on est maudit.