C’est que tu n’avais pas prévu de venir et c’est que ta sœur avait insisté. Tu l’avais regardé mettre une robe trop serrée. Tu avais vu les bouts de cristaux en plastique se refléter sur les murs et tu t’étais dit que c’était hors de question que tu y ailles. Tu n’avais jamais rien possédé de grandiose et encore moins de quoi t’habiller pour un tel événement. Tu avais vu les bouts de cristaux en plastique se refléter sur les murs et tu t’étais dit que c’était hors de question que tu y ailles. Mais tu savais danser et c’était suffisant, celons les dires de la reine de maison. Et elle voulait ton bras pour s’y tenir si jamais on ne l’abordait pas. Et toi, tu avais pensé que si, on viendrait forcément voir la demoiselle aux paillettes au bout des lèvres et que tu ne savais pas comment tu rentrerais, mais qu'encore, c’était comme ça. Tu savais sans doute que tu t’enfuirais sans doute au bout de la nuit et que dehors, tu pourrais virevolter seul sur les pavés en oubliant le monde et les petits pas dans une salle trop petite pour que tu puisses t’y sentir à l’aise. C’était dans la voiture que tu avais compris qu’il n’y aurait pas d’échappatoire. Et c’était dans les rétro que tu avais remarqué l’allure qu’une simple chemise blanche aurait pu te donner. Aurait pu, car tu n’y voyais que le visage défiguré et les deux mers au bord des yeux n’y suffisait pas. Qui aurait voulu de ta main dans la sienne ? Tu n’y avais pas pensé depuis une éternité. Et tu n’étais pas tombé amoureux depuis trop longtemps. Pour toi, c’était des lèvres et des promesses en l’air, des choses restées en France et les, je t’aime avait changé de langage ici. Tu t’étais contenté de regarder le toi en féminin, le toi en beau, partir en loin et c’était déjà fini. Tu avais rasé les murs et c’était tout. Les ombres des autres et toi qui préférais t’y glisser. Et encore, les verres jusqu’à ta bouche, le liquide dans la gorge pour occuper le temps et occuper tes pensées. C’était simple, profiter du punch et trouver quelqu’un avec qui s’enfuir en éclat de rire et avec qui tout aurait été plus plaisant. Comme si déjà, Aristole, tu te refusais le centre de la salle. C’était mieux comme ça. C’était mieux comme ça quand tu n’avais pas remarqué dans le pincement du cœur, entre le reflet du verre et le reflet de la société, elle. Le brun de nature au bout des yeux et les cils qui papillonnent lorsque tes papillons à toi te font serrer les doigts. Et ça faisait longtemps qu’on ne t’avait pas coupé le souffle alors tu aurais voulu t’enfuir, courir comme si tu ne possédais plus de corps et plus de raison d’être sain d’esprit. Est-ce que c’était la bouche pleine comme si tu voulais y mordre ou les courbes et les lignes qui se dressent à tes yeux ? C’était encore toi et les lumières tournant, le coup de foudre et tes deux doigts dans la prise. C’était un peu de toi n’y croyant pas, parce que ce n’était pas possible. C’était le bout de gêne qui hante la peau et les frissons qui s’y lie. Mais tu n’avais jamais cru à ça. Et encore, tes attirances étaient éphémères, et encore, chez eux ce n’était pas l’allure que tu voyais en premier. Et chez elle, ici, que voyait-tu ? Des parfums de passion et des délicatesses. Et tu aurais voulu glisser tes doigts sur ses bras et dans le creux de ses hanches. Et encore, tu te serais donné des gifles pour oublier la sensation et calmer les pulsions. Étais-tu redevenu enfant ? Étais-tu déjà en train de glisser à ses côtés comme si la chose était si naturelle ?
« Je ne vous ai jamais vu jusque-là et pourtant vous me dites quelque chose ? »
C’est le bout de ton passé dans les syllabes et les yeux qui s’y reflètent dans les émeraudes qui ornent la beauté angélique. Elle devait avoir son âge et c’était sans doute une certitude de l’avoir déjà croisé. Il n’avait jamais dû faire bonne impression cependant. C’était le fond de classe et les cours loupés. C’était les couloirs et les rires et les notes qui restent à la surface, aucune étoile et aucune paillette. Aucun reflet sur les murs et rien qui lui donnerait n’envie de rêver. Et là, tout de suite, c’est encore la honte qui se mêle au reste, à la grande chamade et au grand galop. C’est que tu as eu envie de cacher ton visage de tes deux mains pour ne pas qu’elle voit. C’est que tu es encore heureux d’avoir choisi de ne pas retrousser les manches de la chemise blanche, les bras cachés et le restant des marques à ne pas embrasser des yeux comme toi, tu le fais avec elle. Oui, c’est toi la détaillant en espérant qu’elle ne fasse pas de même. Et le reste qui rattrape.
« Ce n’est pas une technique de drague foireuse, je me demande vraiment… »
Mais c’est le feu aux joues et que tu aurais envie de lui raconter, tout. De lui dire et de voir ce qu’elle pourrait ajouter à ton bout de toi et de tes mots. Et c’est encore les doigts sur le transparent, le liquide déjà évaporé au fond du verre et la chose qui brûle là-bas. La respiration difficile et encore, elle en premier plan. Et toi qui trouves le courage :
