kisses of fire ✮ allister

On dit de toi que tu cette assurance éclatante, Allister, que tu dégages cette aura de confiance flamboyante qui saurait faire pâlir les âmes les plus ténébreuses ; on te caractérise tout d’abord par cet immense pragmatisme et cette minutie qui semblent si naturels chez toi – par cette structure et cette discipline qui se raréfie parmi les jeunes d’aujourd’hui ; on te dépeint même parfois comme un robot, un simple automate méticuleusement programmé pour remplir assidument l’objectif d’être le performant possible dans chaque domaine qu’il entreprend – qui ne s’accommode que de la plus grande exactitude. Car tu ne dissimules guère ton intolérance pour les excuses paresseuses, Allister, tu ne caches jamais ton profond dégoût pour les travaux non aboutis ; tu considères le monde comme un système composé de divers rouages permettant d’alimenter la gigantesque machine. Seuls les résultats comptent de ton point de vue. Tu es infiniment convaincu que les efforts acharnés permettent de propulser n’importe qui vers l’excellence, mais qu’il est impossible d’être heureux si l’on n'accepte guère que la réalité ne sera jamais à la hauteur des plus belles utopies.

Et on te félicite pour cette facette consciencieuse si recherchée dans le monde du travail.
Et il est vrai que tu peux t’énorgueillir de cette rigueur exemplaire.

Néanmoins, plus le temps passe et moins tu te sens capable de déterminer si tu en tires davantage de bénéfices ou davantage de douleurs.

Tes excellents résultats ne découlent aucunement d’une intelligence innée ou d’une nature entreprenante naturelle ; ils ne sont que le fruit d’une persévérance et d’une ambition ardente qui se sont doucement allumées dans ta poitrine au fil des années, qui t’enflamment à l’idée d’atteindre les sommets, et qui lentement te consument ; car tu aurais pu te contenter de résultats corrects, Allister, toutefois l’éducation humiliante et injuste d’un père perfectionniste semble d’être marqué au fer rouge dans ton esprit.

Et comme tu te hais d’avoir été si influençable.

Tu te hais tant pour n’être guidé que par une constante insatisfaction de tes efforts qui n’exige que la perfection la plus absolue. Tu te hais pour avoir laissé naître ces rituels maniaques et cette habitude d’optimiser naturellement ton temps à toujours te gorger de toujours plus de connaissances. Toujours, toujours plus. Tu te hais pour cette anxiété permanente, ces obsessions absurdes et cet orgueil présomptueux qui te contrôlent, toi que l’on décrit comme l’allégorie du rationalisme.

Tu ne parviens tout simplement à être heureux à moins d’épouser tes propres standards.

Oh pourtant, tu n’éprouves aucun mépris pour le genre mépris contrairement à ce que cette réputation de robot dénué de sympathie laisse à penser. Car tu adores le contact avec les autres individus, tu as cette affection toute particulière pour l’humour et les blagues en tout genre ; nombreux sont ceux qui te reprochent cette courtoisie exagérée et ce pragmatisme cassant, cependant, tu es sincèrement de nature bienveillante sociable, et tu apprécies partager ta sympathie à travers des taquineries sarcastiques. Tu aimes échanger, Allister, que ce soit pour discuter d’informations gratifiantes ou simplement pour te distraire ; tu es même un grand amateur de différentes formes de divertissements – et tu détestes assumer les savourer parfois au-delà d’un point de vue purement analytique. Tout simplement parce que, parfois, ton esprit nécessite sa dose de repos, de se décomplexer de cette anxiété planante, de cette pression qui te ronge. Parfois, tu as besoin d’un peu de simplicité pour contrebalancer et te rassurer à l’idée que chaque seconde de ta vie ne se résume pas à une compétition.

Et cela, tu refuses de le constater,
Car cela prouve que malgré tes efforts,
Tu ne seras sans doute jamais taillé pour embrasser tes espérances.