Si dans une autre vie tu avais été une autre créature magique, il est clair que tu aurais été un génie. Le génie de la lampe d’Aladdin. Ou le diable dans la bouteille. Peut-être que tu aurais été le miroir magique de la méchante reine dans Blanche-Neige.

Dans tous les cas, dans un univers autre, tu aurais été l’un d’eux. Ses êtres puissants, mais enfermés pour toujours. Ceux qui doivent obligatoirement obéir. On t’a conditionné pour obéir, être sage, une bonne femme comme on t’a dit.

On te l’a appris. Oui. Tu as appris seule à être plus que ça. À savoir parfaitement exécuter ce qu’on te demande en étant parfaitement hors de la demande autant que possible. De faire ce qu’on t’ordonne en allant toujours dans le sens qui va bien pour toi.

Si tu avais été un animal, tu serais une louve. Pas un doge docile. Tu restes sauvage dans ton obéissance. Tout n’est que jeu de masque. La rébellion est ton vrai visage que tu abordes avec un sourire innocent.

Pourtant tu restes fidèle. On t’a déjà donné des possibilités de sortir de ta cage. Des choix pour le faire. Tu aurais pu accepter et tourner le dos à tout ça, mais tu ne peux pas. Tu ne peux plus, parce que tu restes attaché très fortement à lui. Même si tu ne veux pas comprendre pourquoi.

Alors tu restes. Tu souris. Tu subis. Tu te bats en réalité. Parce que tu as tout à prouver. Il te faut avoir raison. Prouver que tu es plus qu’une belle poupée. C’est un but que tu nourris depuis qu’on t’a dit que ton rôle serait celui d’un beau faire valoir.

C’est ta fierté qui te perdra certainement. Celle qui te pousse à ne jamais laisser tomber, à toujours aller de l’avant, à ne pas voir quand une sortie t’est proposée. Enfin si, tu le vois, mais tu la refuses. Toujours. Même si ça t’offrirait une chance de ne pas vomir de dégoût de ce que tu vis. Parce que tu veux y parvenir par toi-même.

Il est possible que ça soit aussi ça qui te bloque avec les gens. Tu tentes de te lier à eux, un peu, mais pas trop. Toujours peur des couteaux dans le dos. Toujours peur de te lier et que tout éclate. Pourtant ton dos tu le présentes toujours à la même personne, mais ce n’est pas pareil, c’est une habitude. Oui, juste ça.

Le déni aussi c’est ton grand truc. Ne pas voir quand des gestes te sont offerts aussi. Dès qu’on est subtile avec toi, c’est comme si on avait débranché un fil dans ton cerveau. Cela ne capte tout simplement pas. Tu apprécies, certainement, mais tu ne comprends jamais vraiment ce que ça veut dire.

Trop analyser tout ce qui t’entoure, choisir chaque geste ou parole pour être la plus parfaite possible, ça a fini par faire que tu ne sais plus faire sans. Tout ce qui t’entoure tu avales les informations. Chaque mot, chaque geste. Tu avales, mais ne digère pas tout et tout s’embrouille.

Pourtant tu as des moments où tu es vraiment bien et tous tes masques tombent. Des moments où tu es juste toi-même. Près de ton eau chérie, tu es ainsi, avec tes thés, infusions et chocolats aussi. Dès que la passion est là, tu ressembles vraiment à une enfant devant un arbre des cadeaux.

Tu es l’essence même de l’eau quelque part.

– 168 cm
– 55 kg
– Yeux bleus
– Peau couleur chocolat au lait
– Cheveux bruns, longs, bouclés et qui ondulent facilement
– Corps fin et très souple
– Peau ultra lisse, peau d’Ondine
– Porte une bague de fiançailles en continu qu’elle fait tourner quand elle est nerveuse
– À ses dents blanches et parfaitement alignées
– Ne supporte pas les temps chauds et secs
– Accorde ses vêtements entre eux, ses chaussures comprises
– À une odeur de pluie qui lui colle à la peau
– Ne porte jamais de vernis à ongles
– Son maquillage est toujours bio et se maquille peu
– À une voix mezzo-soprano

On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille. On choisit pas non plus les trottoirs de Manille de Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher.

C’est tellement ironique, c’est la première chanson que l’on t’a appris à traduire. C’est une piqûre de rappel. Comme si tu avais besoin de ça pour sentir autour du coup le collier invisible qu’on t’a mis enfant. Pour sentir le poids de l’anneau à ton doigt et en connaître toute la signification.

On ne choisit effectivement pas certaines choses, mais on s’en impose pour des raisons stupides. On blâme le karma, le hasard ou dieu sais quel démon pour ce qui arrive par notre propre faute. Pourtant à la base, c’était vraiment une question de faute à pas de chance ta situation.

Il y a plusieurs générations, six pour être exacte, ce n’est pas si loin que ça, l’entièreté de ta famille vivait encore sur une petite île en Polynésie. Un bout de terre entouré d’eau de mer avec deux rivières d’eau douce. C’était un bel endroit, mais bien trop petit et fragile pour les tiens. Encore plus depuis que les humains se sont mis à polluer l’une des deux rivières de manière beaucoup trop forte pour vivre à proximité sans risque pour les tiens.

Il y a des actions de dépollution qui sont organisé par les tiens, pour ceux voulant rester, ceux voulant se battre pour leur chez eux, puis il y a l’autre partie de la famille. Ceux qui baisse les bras face à la modernisation des lieux, qui vois de combien c’est trop petit et qui après avoir étudié divers lieux pour migré vois dans le Canada ont destination idéale avec toutes ses réserves d’eau sur le territoire.

Le clan s’est scindé en deux et ta lignée à toi est partie. Gardant un lien avec ceux restés sur place, échangeant les membres parfois, mais ils ont tout de même tenté leur chance ailleurs. Les premiers pas dans un nouveau pays furent tout sauf concluants si on peut dire ça ainsi. La faute à pas de chance. Une histoire de chasseur de créature, une famille de sorcier croisé au hasard, et un pacte oral passé.

C’est la famille Lloyd qui a permis que les tiens ne se fassent pas attraper. C’est eux qui leur ont sauvé la vie à l’ensemble d’entre eux. C’est ce qui a mis les prémices de corde autour de ton cou. L’échange de contact a été fait. À ce moment-là, la dette avait été payée à l’aide d’éléments d’esprit d’eau divers offert gratuitement à chaque demande de Lloyd sans limites de durée de cet échange.

Voilà ce qui s’est passé il y a cinq générations. Le payement pour ta famille n’était pas assez fort. Selon leurs propres mots. Même du haut de tes cinq ans ont t’as déjà bassiné de long en large et en travers de combien cette famille de sorcier est importante pour vous. De comment ils viendront vous sauver quelque chose arrivait encore. Comme quoi les tiens lui offriront n’importe quoi pour les remercier.

N’importe quoi fut toi.

L’erreur vient de toi à la base. Tu as désobéi, tu es partie te baigner dans une rivière que l’on t’a interdite. Tu ne savais pas, tu as à peine cinq ans et l’eau a toujours été ta meilleure amie jusqu’à présent. On t’a tout raconté des sauveurs de la famille Lloyd, mais on a oublié de te dire de combien la pollution est dangereuse.

C’est encore un Lloyd qui sauva ce jour-là. Un effrayant qui n’a rien à voir avec les contes de fées qu’on te racontait sur eux. Un qui t’a ramené avec lui en disant que ta santé est devenue trop fragile pour ne pas rester loin d’eux. Ta famille t’offre sans difficulté. Tu seras en sécurité avec lui selon eux, puis c’est leur sauveur. Pourtant c’est un menteur, tu n’as pas une santé plus fragile.

Une fois arrivé à ton nouveau lieu de vie tu rencontres Az. Juste Az, tes lèvres butent régulièrement sur son nom en entier, des larmes se forment dans le coin de tes yeux quand on tente de te le faire redire correctement encore et encore. C’est sa mère qui est ta sauveuse et qui dit qu’il faut te laisser du temps pour apprendre. Elle est ta bonne fée, celle qui va t’apprendre tout ce qu’il y a apprendre. C’est elle qui commença à t’apprivoiser.

On te demande d’être le plus souvent possible avec Azeolian, tu arrives à dire son nom, mais tu préfères rester sur Az. Seulement tu ne sais pas quoi lui dire, c’est un grand. Vous avez dix ans de différence et il ne sourit pas comme tes grands frères, ne raconte pas d’histoire pour te faire rire, n’a pas de jeu de cache-cache à proposer, ou même de loup, ne peut pas jouer dans l’eau comme toi. C’est déjà un adulte et toi tu es un chaton perdu.

Peut-être qu’il est triste pour quelque chose lui aussi. Peut-être que sa maison lui manque aussi. Peut-être que lui aussi on l’a pris pour vivre ici. Tu ne sais pas, mais quand il te parle pour la première tu as les larmes aux yeux parce qu’il plante les larmes de ses mots dans la blessure du manque de ta famille. Madame Lloyd a dit qu’on ne doit pas pleurer, donc tu te retiens et secoues la tête pour dire non.

Menteuse, bien entendu que ta vraie maison te manquait.

Puis il y a ce jour, ce jour où ton enfance finit vraiment. Celui où ton cerveau commence à comprendre. On t’aide à ça en même temps. Az s’entraîne avec son père. Cet homme te terrifie et son feu te donne envie de partir loin. Il a peut-être sauvé ta vie, mais il n’a rien d’un héros. Absolument rien et quand tu regardes le combat qui a lieu devant toi c’est encore pire.

Puis tout se passe trop vite. Un coup part, le visage d’Az est touché. Tu cours vers lui parce que tu as peur qu’il ait mal. La seule chose que tu voulais faire c’était voir s’il allait bien, même si vous ne parler pas il reste une personne avec qui tu passes presque toutes tes journées maintenant. La douleur éclate sur ton visage en pleine course, la leçon sur le fait de ne pas pleurer est loin et tu hurles de douleur.

Tu es une belle poupée. Tu seras celle de son pouvoir. Tu seras son animal de compagnie. Sa future femme. On te le dit et explique le soir même dans ton lit en te bordant, alors que la douleur lance encore ton crâne. Mais on te laisse le choix, t’ouvre la porte. Madame Lloyd te le dit elle-même.

– Si tu veux partir, tu peux, n’importe quand. On t’ouvrira une autre personne pour être à ta place.

Tu es remplaçable. Dans une cage dorée où l’on te laisse la porte ouverte tout du long. Enfant tu ne veux pas partir parce que tu as peur que ta famille t’en veuille de ne pas être à la hauteur de cette si grande famille de sauveur pour eux.

Les années passent, c’est ensuite le fait de ne pas vouloir faire vivre cette vie à quelqu’un d’autre qui vient poser des fers à ta situation. Si souvent on te rappelle que tu peux tourner le dos à tout ça. Que tu es remplaçable, un jouet entre leur main. Tu sais que Az lui-même ne sait pas cette liberté qu’on te laisse et c’est là que ta fierté commence à piquer.

La veille de tes dix-huit ans, on te le redemande. Encore. Toujours. Comme si c’est une plaisanterie. Si tu veux rester, si tu acceptera sa proposition demain. Ta mère t’a dit que tu pouvais rentrer sans peur, que le choix reste le tien. C’est faux, ont t’apprivoiser pour obéir, pour rester là, pour être son pilier et qu’il soit le tien. Tu es son animal de compagnie, celle qui s’occupe même plus de son familier que lui-même. Ton choix est biaisé.

Alors tu restes, portes l’anneau à ton doigt et attends quelque chose. Un retour de ton affection que tu lui portes malgré toi ? Une revanche ? Ta propre fin pour voir si tu comptais pour quelqu’un ? Un changement ?

Tu n’en sais rien, mais tu as fait le choix seul d’être dans ta cage dorée. Tu as même fait ton nid avec ce magasin de thé, infusion et chocolat. Comme pour te donner des raisons encore plus grandes de rester plus longtemps. C’est ta maison cet endroit et quelque part tu as peur de ne partir.

Tu as le temps de voir, le mariage et les possibles enfants à devoir faire son encore bien loin.