intimidation: it's super effective! ▬ ft Ayden

La journée, aussi étrange que cela peut paraître, Caliban préférait les heures de cours que les heures “libres”. Les petites pauses entre certains cours, ou la pause un peu plus longue du midi... Il les trouvait ennuyeuses. Alors que la plupart de ses petits camarades profitaient de ces dernières pour discuter et rire ensembles, lui, plus solitaire, restait en général dans son coin, souvent assis, à regarder le ciel, comme pour rêver qu’il était un oiseau et pouvait s’envoler quand il le voulait loin de tous ses problèmes. Mais non, il se retrouvait piégé dans l’enceinte de l’école, à attendre que le temps avance, et lui permette de progresser jusqu’à la fin de la journée.

Enfin, peut-être exagérait-il un petit peu quand il se disait que ces pauses-là étaient ennuyeuses à (presque) en mourir. Au moins, il avait l’occasion de se poser et de se reposer, en silence, loin de l’air de la salle de classe pollué par les murmures incessants, étouffants presque les paroles compliquées de leur enseignant, qui haussait à chaque fois un peu plus la voix.

Mais cette pause de midi là, Caliban l’avait particulièrement attendue avec impatience, et ce, pour une raison bien précise. Aujourd’hui, alors qu’il se préparait à partir pour affronter sa journée de classe, son grand-père l’avait stoppé dans son élan (et presque mit en retard pour le coup). Apparemment, il lui avait préparé lui-même un petit panier repas pour le midi. Du coup, Caliban était quelque peu excité de découvrir ce qu’il y avait à l’intérieur de ce dernier, qu’il n’avait pas osé ouvrir, et avait laissé bien en sécurité dans son casier personnel. Pour une fois que ce casier avait son utilité tiens… Hm, à quoi pouvait-il bien s’attendre? Venant de son grand-vieux, ça pouvait être tout et n’importe quoi. Avec lui, il n’y avait pas de score moyen, c’était du 0 ou du 10, pas d’entre d’eux.

Retenant d’afficher un sourire idiot à la pensée de ce qu’il pourrait bien se retrouver à manger, le jeune homme se dirigea vers son casier... Pour découvrir qu’il y avait un type planté juste devant. Caliban était de bonne humeur, donc il resta un moment à l’observer de loin, bras croisé sur son torse, alors qu’il tapoté de son pied le sol, histoire de contrôler le peu de patience qu’il avait. Le garçon à la drôle de chevelure verdâtre n’avait pas l’air décidé de bouger, donc c’est lui qui bougea, réduisant la distance entre eux deux.

- Hey. Tu comptes rester planté là à rien faire encore longtemps ?

Le garçon ne l’avait visiblement pas vu venir. À peine avait-il réduit la distance entre eux deux, et ouvert la bouche pour lui parler dans un ton qu’il ne pensait même pas si agressif que ça, qu’il en lâcha son bouquin. Bump, il heurta le sol sous le regard blasé de Caliban, qui suivit du regard le vert alors qu’il se baissa immédiatement pour le récupérer. Hm, pas très serein comme mec hein ? Maintenant qu’il le voyait de plus près, il lui disait vaguement quelque chose. Le décoloré ne faisait pas des masses attention à ses camarades de classe, souvent peu intéressé par ces derniers ou ce qu’ils pouvaient bien faire de leur vie, mais il avait vraiment l’impression d’avoir un prénom associé à cette tignasse verte sur le bout de la langue. Ils devaient avoir le même âge ou presque, peut être avaient il été dans la même classe à un moment ?

Livre bien en sécurité dans son sac de cours, le lecteur maladroit ouvrit la bouche pour lui offrir des excuses tremblotantes entre deux bégaiements. Et Caliban n’eut pas l’occasion de faire la moindre remarque que le vert était étalé par terre. Cal avait tourné les yeux vers son casier un instant et poof, un homme à terre. Immédiatement, il pouvait sentir tous les regards des autres étudiants alors occupés à discuter entre eux se tourner vers eux, et le silence qui s’était installé après la chute du malheureux fut vite remplacé par quelques éclats de rire. C’était prévisible. Un idiot à la grande gueule qui se met à rire en premier, et ça suffit pour enflammer un couloir entier. Il se sentirait presque mal pour le pauvre type. Enfin, ce n'était pas son problème. Se contentant de le fixer au sol, il soupira, et passa une main dans ses cheveux, avant de se tourner vers son casier maintenant libre d’accès et de le déverrouiller. Au moment ou la sécurité fut retirée, il eut une réalisation.

- Ton nom, c’est Ayden, c’est ça ?

Se retournant pour le fixer, il haussa un sourcil. Toujours face contre terre hein ? Il attendait quoi, qu’il lui tende gentiment la main ? Ou que les quelques rires terminant d’animer le couloir soient définitivement étouffés ?

- T’attends le passage des femmes de ménage pour te relever ou quoi ?

Sa boite de casse-croute en main, la dernière chose qu’il voulait, c’était de trébucher sur un corps allongé par mégarde. Pour le coup, peut-être que oui : ses mots étaient un peu durs. Mais bon, être tout gentil tout mimi avec des types comme lui, ça les aidaient en rien en fin de compte. Si on les secoue pas un peu, les petits mollasson étourdis comme lui, ils le resteront pour le toujours. Et si cette mollitude est sur son chemin, ça devient son problème.